l'homme d'épée et la guerre






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Pour un article complet sur le marquis de Poyanne





Mousquetaire du Roi

A la mort de son père, le jeune marquis, qui n’a que sept ans, est pris en charge par son oncle maternel le marquis de Gassion. Dès ses quatorze ans, accompagné d'un secrétaire et de deux domestiques, il s'installe à Paris dans l'hôtel familial de la paroisse Saint Sulpice.* Sa mère donne ordre d'engager les services d'un maitre de musique pour enseigner le violon, d'un maitre de mathématiques, d'un maitre d'écriture, et d'un maitre de danse, complétant ainsi l'éducation assurée par l' inscription à une Académie formant aux sciences, aux exercices militaires, à l'équitation ainsi qu'aux pratiques mondaines.
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On sait que Madame de Poyanne a habité rue Ferou, près de Saint-Sulpice du temps de Madame de Maintenon - cette même rue où logeait Athos dans Les Trois Mousquetaires !
Pris en charge et aidé par un réseau de nobles gascons, il mène déjà la vie d'un jeune noble fortuné: salons, diners, comédie, opéra, chasse. A cette époque il fréquente régulièrement le Maréchal de Roquelaure, M de Pons, M de Chauvelin qui le reçoivent, voit aussi M de Roquepine, de Borda, d'Amou, même l'éveque de Dax, se rend à Versailles , rencontre les ducs d'Antin et de
Gramont.





Ainsi protégé, à l'age de 15 ans, en Juillet 1733 il achète un cheval au Chevalier d'Entraigues pour entrer le 5 septembre dans la deuxième Compagnie des Mousquetaires du Roi, dite des Mousquetaires noirs,
l’un des corps militaires les plus prestigieux du royaume où se fait l’apprentissage de la haute noblesse d’épée.( Caserne de la rue Charenton à Paris)


( archives départementales du Gers - Etat des dépenses du marquis de Poyanne depuis le 28 avril 1732).

Capitaine de cavalerie

Un an plus tard, le 25 mars 1734 il est fait capitaine au régiment de cavalerie de Royal-Etranger, le premier régiment étranger de cavalerie. Il se trouve au siège de Philisbourg.

Gendarme de la Garde du Roi.




Le 11 mars 1735 il est nommé troisième guidon des Gendarmes de la Garde (porte étendard), avec rang de maître de camp de cavalerie (la charge de guidon a été achetée le 16 04 1735 pour 100 000 livres), et participe à la campagne sur le Rhin. Il devient deuxième guidon, le 28 octobre 1739, puis premier guidon, le 20 janvier 1740.
"Pour être admis aux Gendarmes de la Garde il fallait être noble, point trop jeune, d'agréable tournure, de figure convenable et distinguée. Aucune taille n'était imposée, mais le candidat devait avoir "un revenu suffisant pour pouvoir servir et se soutenir honorablement sans le secours de la solde".





Colonel du régiment de Bretagne-cavalerie

Nommé maître de camp, lieutenant colonel du régiment de Bretagne-cavalerie, par commission du 29 août 1741 à la mort du marquis de Gassion son cousin germain. « Ce jeune homme, qui n’a jamais eu la petite vérole, s’est enfermé avec son cousin; la première chose que M. de Gassion ait faite après la mort de son fils, a été de demander le régiment pour M. de Poyanne » (mémoires du Duc de Luynes).



Bretagne-cavalerie en 1745

Il se démet alors du guidon des Gendarmes et rejoint son armée en Westphalie, passe l’hiver dans le duché de Berg avant de se rendre au mois d’Aout 1742 sur les frontières de Bohême avec la troisième division de l’armée. Il se trouve à la levée du siège de Braunaw, se distingue à la prise de Schmidmill et au ravitaillement d’Egra.


Rentré en France, il combat sous les ordres du maréchal de Coigny en Haute Alsace, avant de servir à l’armée du Rhin en 1744.
Le 2 mai 1744, lui est accordé le brevet de brigadier et, employé en cette qualité, il se trouve à I'affaire d'Haguenau; marche au siège de Fribourg; puis employé pendant l'hiver à l'armée du Bas-Rhin, sous les ordres du maréchal de Maillebois, par lettres du 1er novembre, il se trouve à la prise de Cronembourg, au mois de mars 1745. Employé, le 1er avril suivant, à la même armée, commandée par le prince de Conti, il se distingue au passage du Rhin, le 19 juillet, et y est fait prisonnier de guerre à l'arrière-garde.
Employé, le 1er mai 1746, à l'armée commandée par le prince de Conti; il servit d'abord sur la Meuse, puis entre Sambre et Meuse, pendant les sièges de Mons et de Saint-Guilain ; au siège de Charleroy; couvre, avec l'armée du roi, celui de Namur, et combat à Raucoux.
Employé à l'armée du roi, le 1er mai 1747, il se trouve à la bataille de Lawfeld, et finit la campagne, sous le comte de Clermont.

Maréchal de camp

Promu maréchal de camp, le 1er janvier 1748 (officier qui règle le campement et le logement de l’armée, la reconnaissance et détermine l’ordre de bataille). Il se démet et vend, comme cela doit, son régiment de Bretagne en 1749.

Inspecteur Général de la cavalerie et des dragons

Par commission royale du 27 septembre 1754, il est nommé Inspecteur Général de la Cavalerie et des Dragons.
Il sert comme maréchal de camp au camp de Richemont, sous les ordres de M. de Chevert, par lettres du 31 juillet 1755. Employé à l'armée d'Allemagne, par lettres du 1er mars 1757 il se rend à Dusseldorlf, dès le 25 avril; combat à Hastembeck; concourt à la conquête de l'Électorat de Hanovre; marche vers Zell à la tête de tous les Carabiniers; sert pendant l'hiver, sous les ordres du maréchal de Richelieu, par lettres du 29 novembre 1757 et sous le comte de Clermont , par autres lettres du 27 janvier 1758, et continue de servir à la même armée, par lettres du 16 mars.

Lieutenant Général des armées du Roi

Créé lieutenant général des armées du Roi, par pouvoir du 1er mai 1758, avec des ordres pour commander en cette qualité (C’est le grade le plus élevé après celui de maréchal de France , titre conservé à vie même si les fonctions sont très temporaires et remplies par roulement); il combat avec valeur à Crewelt le 23 juin 1758. Le comte de Gisors commandant les carabiniers du Comte de Provence ( frère du Roi qui lui avait donné ce régiment en mai1758) y meurt des suites de ses blessures. Poyanne obtient aussitôt la charge qu’il conserve jusqu’à sa mort.

Lieutenant et Inspecteur des Carabiniers

Par commission du 7 juillet 1758, le marquis est nommé lieutenant et inspecteur du régiment de Royal Carabiniers de M. le comte de Provence, donné par le roi à ce petit-fils, alors agé de trois ans, le 13 mai de la même année. Il succède au comte de Gisors, mort à la bataille de Crefeld, qui en assurait le commandement reel depuis quelques semaines seulement.

Ce régiment est composé de cinq brigades de quatre compagnies chacune.

C’est à cette époque qu’il est même le protecteur du jeune et déjà turbulent Donatien, marquis de Sade, pour lequel il intervient, sur recommandation particulière de Madame de Pompadour, et obtient pour lui, malgré sa taille modeste, une commission de cornette (porte drapeau) au régiment qu’il commande (dans la brigade Saint André)




Il est détaché au mois d'octobre, avec 2000 hommes, pour se porter sur Drentwort, et ayant apprenant que le corps entier des chasseurs ennemis est à Herberen, il prend aussitôt ses dispositions pour l'attaquer, ayant d'abord forcé 100 grenadiers et 100 chasseurs retranchés dans une ferme, où ils se défendent avec valeur, il chasse ensuite les ennemis d'Herberen, après un combat d'une heure et demi, tue 2oo hommes, fait prisonniers 5 officiers et 80 grenadiers, et met en fuite la cavalerie ennemie. Le 25 du même mois, il joint le marquis d'Armentières en avant de l'armée, et oblige, par ses manœuvres, le général Kilmansegg à rentrer dans Munster, d'où il ne peut sortir.
Employé à la même armée, sous M. de Contades, par lettres du 1er mai 1759, il commande la Gendarmerie et les Carabiniers à la bataille de Minden, où il est blessé. Blessé à nouveau d’un coup de feu à la bataille de Todenhausen



Il commande, le 17 octobre, un fourrage général, où il bat un détachement considérable des ennemis qui veulent lui disputer cet objet. Employé à l'armée du Bas Rhin, sous le maréchal de Broglie, par lettres du 1er mai 1760, et commandant un corps de troupes considérable, il s'empare, le 8 juin, du poste d'Holsdorff; occupe peu de jours après Frankemberg sur l'Eder; se trouve aux combats de Corbach, les 10 juillet et 9 septembre, et à un fourrage général, commandé par le prince de Condé. Il continue de servir à l'armée du Haut-Rhin, par lettres du 8 mars 1761, et contribue beaucoup aux succès dès journées des 21 et 26 du même mois, après lesquelles les ennemis battus sont obligés de se retirer avec précipitation. Le marquis de Poyanne fait attaquer, le 26, l'arrière-garde du prince héréditaire, la culbute, lui prend un colonel, un commandant de hussards, 60 hommes et 4 pièces de canon. A la tête d'un corps considérable de troupes, il fait, le 10 octobre, ses dispositions pour attaquer le général Luckner; mais ce général se retire sur Homelen, d'où il gagne Hildesheim. Le marquis de Poyanne commande l'arrière-garde lors du départ de I'armée pour prendre ses quartiers d'hiver, et ne se laisse point entamer par l'ennemi. Il passe l'hiver à l'armée, et y est employé en qualité d'inspecteur général au doublement des régiments de cavalerie, prescrit par l'Ordonnance royale du 1er décembre. Cette opération finie, le marquis de Poyanne se rend à Gotha, où il commanda jusqu'à l'ouverture de la campagne.

Il obtient enfin le commandement en chef des carabiniers qu’il conserve jusqu’à sa mort en 1781


carabiniers



marche des carabiniers de M. de Poyanne 



Un contemporain écrit avec malice : "Monsieur de Poyanne qui tourmentait ses carabiniers pour l’équitation et qui tombait de cheval a tous les exercices"