création de l'école de cavalerie de Saumur






Après les déboires de la Guerre de Sept Ans, et en particulier la déconfiture de la cavalerie à la bataille de Minden, on décide d'une réorganisation générale des armées royales et en particulier d'un renforcement des régiments . Une réforme du 21 décembre 1762 établit une cavalerie de 30 régiments et le régiment d’élite des Carabiniers.



En avril 1763, l'Etat-Major et la première brigade des Carabiniers du Comte de Provence, venant du Mans, arrivent à Saumur.Cette installation à demeure est renforcée l'année suivante par la venue de la deuxième brigade, précédemment à Angers.

Poyanne, lieutenant-général des armées du roi et colonel commande au nom du Comte de Provence agé de huit ans. Sous ses ordres, le baron de Livron major général (Ignace d'Abbadie, un béarnais), le comte de Chataigner aide major général,cinq lieutenants colonels et cinq premiers capitaines. les deux premiers brigades ont donc à leur tête deux officiers généraux et onze colonels. La vingtaine d officiers ordinaires appartiennent à des familles titrées et jouissent pour la plupart dune fortune considérable.




Les autres brigades du régiment sont installées dans les villes voisines, mais c'est Saumur qui devient le principal point d'ancrage de cette unité. En 1765, tout l’état major reçoit la même destination, toujours sous les ordres du marquis de Poyanne.

Ce régiment compe 80 officiers et de 1000 à 1500 hommes selon les périodes, constituant ainsi l'unité de cavalerie légère la plus nombreuse de France, voire d'Europe, alors même qu il n'existe pas de caserne.

En 1764, Choiseul, ministre de la Guerre, chargé par Louis XV de réorganiser la cavalerie, se range à l'avis de M de Poyanne, qui a déjà fait construire un manège et envisagé la question de faire construire un quartier de cavalerie, et choisit Saumur pour la construction des bâtiments de l’une des cinq écoles d’équitation qu’il souhaite créer, et d abord prévue à La Flèche ( les autres à Metz, Douai, Besançon et Paris) où Poyanne reçoit le ministre .le 28 septembre 1764 et donne un souper de 200 couverts au grand réfectoire des Jésuites.
La construction des nouveaux bâtiments de Saumur est préparée par les ingénieurs de la généralité de Tours, Jean-Baptiste de Voglie et François-Laurent Lamandé, assistés sur place par François-Michel Lecreulx. Après le manège, les grandes et les petites écuries, s'élève la caserne réalisée par l'entreprise Cailleau.

Le 25 septembre 1766, Choiseul  vient à Saumur, à la fois pour inspecter le régiment des Carabiniers et pour vérifier les travaux en cours. L'accueil y est princier, il y est reçu en grandes pompes. Le régiment est au grand complet. La ville accueille 810 hommes et 780 chevaux supplémentaires. Le ministre se déclare satisfait par les exercices qui lui sont présentés. L' instruction de ce beau corps dans l'équitation et les manoeuvres avaient atteint un tel degré de perfection qu'après 1767 chaque régiment de cavalerie devait envoyer à Saumur quatre officiers et quatre sous officiers.choisis pour y puiser les principes qui sont mis en pratique avec succès.

La construction de la caserne est achevée en 1770.

En 1771, suite aux mesures d'économie prises après la disgrâce de Choiseul , les  écoles d'Equitation sont supprimées, à la seule exception de celle de Saumur.La cause est entendue, Poyanne triomphe.

Mais alors que ses nouveaux locaux viennent d'être achevés, le corps des carabiniers quitte périodiquement Saumur. En 1772, toutes les brigades sont parties, soit pour Metz, où s'installe l'état-major général, soit pour Lunéville. Cinq escadrons reviennent à Saumur et dans les villes proches dans les années 1775-1781. En 1774, Louis XVI devenant roi, son frère puiné, le comte de Provence, prend le titre de " Monsieur ". et son régiment change de nom mais surtout, il change souvent de résidence. Ainsi de 1782 à 1786, et enfin, définitivement en 1788, à la suite d'une nouvelle réorganisation militaire du 17 mars, le corps des Carabiniers de Monsieur est divisé en deux régiments, qui sont envoyés dans l'Est. pour Luneville. En raison de la mobilité des troupes et des contre-ordres continuels, les Carabiniers ne séjournent donc pas en permanence à Saumur

L'école est supprimée après la Révolution en 1790 par la nouvelle République. Le titre d'Ecole d'Equitation a finalement disparu et c'est surtout la construction d'un bel ensemble de bâtiments adaptés et la présence de vastes terrains qui expliquent le retour d'une Ecole de Cavalerie au début du siècle suivant. Il reste que M. Poyanne est le premier commandant de l'école de cavalerie dont est issu le célèbre cadre Noir.

En réalité, le marquis est rarement présent à Saumur, car c'est aussi un courtisan ( voir autre article). Ce qui n'empêchera pas le Comte de Provence, futur Louis XVIII, de déclarer: « ... ma confiance envers M. le marquis de Poyanne, et la connaissance que j' avais de son mérite, me faisait entièrement reposer sur lui ».
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On garde divers témoignages des revues et grandes manœuvres, réunissant les cinq brigades formant le magnifique corps des carabiniers qui étaient organisées chaque année et duraient un mois. Ainsi, après les manoeuvres de 1767, le régiment se rendit à Compiègne où Louis XV en passa la revue au mois d’août. Ainsi, le 9 aout 1767, Poyanne commanda la revue des carabiniers devant le Roi, le duc d'York, la Cour, et plus de 300 officiers généraux. Le roi lui fit l 'honneur de souper sous sa tente.

On dit qu' à cette occasion le marquis refusa toute grâce et gratification du roi , "sa fortune le mettant en état de suffire à cette dépense extraordinaire". Le roi, quant à lui, manifesta le souhait que ce beau corps fût vu par sa bonne ville de Paris.

Grand uniforme des officiers: habit bleu, revers, doublure et parement écarlate avec large broderie en paillettes d argent, boutons d argent, culottes blanches, chapeau brodé en lames d argent, panache blanc. Chevaux noirs, selle de velours, housses et caperons de pistolet pareils,le tout garni de trois galons d’argent; les bosselettes, les boucles de la bride, le bridon étaient en argent. Les rubans de queue et de toupet étaient écarlates avec un pompon et les bouts ornes d une frange d argent au milieu.

Carabiniers

On retrouve également M de Poyanne recevant et accompagnant, le 17 juin 1777 , l’ empereur Joseph II d’Autriche, frère de la reine Marie Antoinette, venu à Saumur dans le seul désir de voir manoeuvrer le corps royal de Monsieur. Les carabiniers, flattés de l’estime d'un si grand prince, lui avaient préparé la plus magnifique réception, visite de la caserne, du manège, des écuries, défilés, manoeuvres et évolutions d infanterie.


Jusqu'en 1763, le costume des carabiniers se composait d'un habit, d'un petit collet et d'un manteau bleus, avec doublure et parements rouges, boutons d'étain de trois en trois sur l'habit, un bordé d'argent sur les manches et sur les épaulettes, buffleteries blanches bordées d'argent, chapeau bordé d'un large galon d'argent, cocarde noire, veste et culotte de peau ; l'équipage bleu bordé d'argent. Ils prirent en  1763 l'habit bleu à la française, avec revers, collet et doublure rouges, galon d'argent aux parements et aux boutonnières ; équipage bleu galonné de blanc.

"Ce général ne voulait que des gens riches ou d'un grand renom pour officiers, et des grands hommes pour carabiniers. Quelques uns avaient été tirés du gibet par Poyanne parce qu'ils étaient beaux hommes. Ces gens se battaient souvent. J'ai même été leur chirurgien et quelquefois le combat était un vrai duel, quelquefois un assassinat"
mémoires du chirurgien Charles Boucher


Janvier 1776– C’est l'époque des ordonnances et Poyanne défend ses carabiniers et contre les spéculations réformatrices du comte de Saint Germain estimant ce corps privilégié trop dispendieux souhaitant réduire le nombre d escadrons, réduire les appointements
Le marquis de Poyanne, dans une dispute très vive qu’il a avec le rigide Comte de Saint Germain, secrétaire d'Etat à la guerre, au sujet des carabiniers, a fait tant d'éclat que le bruit en en parvient aux oreilles du roi; que le monarque indigné en parle à son ministre, lui demande si ce commandant ne lui avait pas manqué de respect, et lui promet de le faire arrêter si cela était, et de le punir exemplairement. Le roi apprend tout cela du fait que Poyanne a l’indiscrétion de se vanter de sa démarche et même d’écrire au roi une lettre très forte à ce sujet, la discussion ayant dégénéré en querelle personnelle assortie de menaces.


Mais, ajoute l'auteur de l'anecdote, « M. de Saint Germain, trop faible, s’est piqué d'une générosité déplacée, a dissimulé la faute de cet insolent, et a calmé le courroux du monarque ».
« Ce qui me rend furieux, c’est de voir ce marquis de Poyanne conservé dans tous ses honneurs, prérogatives, émoluments, et qu’à force d'insolence cet officier général ait fait faiblir le ministre à son égard » ..."Sa Majesté vient de l'exiler dans ses terres"







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